Mercredis de l'Antiquité - 2023.2024
Voyage en Méditerranée, visite de grands sites archéologiques
Mer partagée, espace ouvert et connecté, la Méditerranée fournit un cadre cohérent à la présentation de diverses cultures de l’Antiquité par le biais d’un choix de sites archéologiques majeurs. Témoins du passé d’une histoire méditerranéenne riche et complexe, les sites qui seront visités ressortent par leur importance ainsi que par la magnificence des vestiges découverts.
Situés en bordure ou plus éloignés des rivages méditerranéens, l’échantillon proposé comprend des sites emblématiques d’Orient et d’Occident, illustration de la remarquable richesse culturelle des grands peuples de l’Antiquité. C’est donc un tour méditerranéen qui est proposé avec ce nouveau cycle, jalonné d’étapes monumentales et uniques.
► Accès libre et gratuit dans la limite des places disponibles, Auditorium du musée Fabre
Cycle de conférences proposé par le Musée des Moulages (Université Paul-Valéry / Montpellier 3) et le site archéologique Lattara – musée Henri-Prades, en partenariat avec le Musée Fabre, le LabEx Archimede et le laboratoire de recherche ASM (UMR-5140, CNRS) de l’Université Paul-Valéry / Montpellier 3
Comité d'organisation
Diane Dusseaux, conservatrice du patrimoine, directrice du Site archéologique Lattara – musée Henri Prades
Rosa Plana, professeure d’archéologie grecque, directrice du Musée des Moulages, Université Paul-Valéry/Montpellier 3
Elsa Rocca, maître de conférences en archéologie, Université Paul-Valéry/Montpellier 3
#1 : Athéna près d'Apollon à Delphes, Archéologie d'un paysage religieux en mutation
Mercredi 11 octobre 2023 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Sandrine HUBER, professeure, Université de Lille, HALMA-UMR 8164
La terrasse dite Marmaria à l’époque moderne a accueilli dans l’Antiquité plusieurs monuments et cultes importants pour la cité des Delphiens et pour les Grecs de toute la Méditerranée qui ont consulté le célèbre oracle panhellénique.
La reprise récente de l’étude de cette terrasse a pour objectif de réhabiliter les vestiges du sanctuaire d’Athéna Pronaia édifié à l’époque archaïque en contrebas du sanctuaire d’Apollon. Les recherches pluridisciplinaires commencées en 2017 sous l’égide de l’École française d’Athènes renouvellent nos connaissances sur ce site emblématique, dans une perspective à la fois historique et patrimoniale. Il s’agit de définir l’ancienneté de l’occupation et de comprendre la fonction de monuments désignés comme temples, trésors ou tholos. Un état des lieux de la documentation relative aux fouilles réalisées depuis 1901 et de nouvelles fouilles entamées en 2022 apporte des éclairages sur l’histoire de la terrasse, sur laquelle était honorée Athéna sous l’épiclèse de Pronaia (« devant le temple », sous-entendu « d’Apollon ») aux côtés d’autres divinités.
#2 : Kition, une ville-capitale de Chypre (XIIIe-IVe siècles av. notre ère)
Mercredi 29 novembre 2023 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Sabine FOURRIER, directrice de Recherche, HiSoMa – UMR 5189-CNRS, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Université Lumière Lyon 2
Fondée à la fin du Bronze récent (XIIIe siècle av. notre ère) et aujourd’hui recouverte par Larnaca, la ville de Kition montre une permanence d’occupation de plus de trois millénaires. Cette longévité rend la lecture de ses phases anciennes difficile : la ville (antique) est sous la ville (contemporaine). Toutefois, les fouilles menées par le Département des Antiquités de Chypre et la mission française de Kition, après les travaux pionniers de la mission suédoise des années 1930, permettent d’éclairer le riche passé du site. On en présentera les principaux résultats, qui témoignent de l’importance de la ville côtière, centre portuaire, commercial, culturel et politique, de l’« ère internationale » du XIIIe siècle à la capitale chypro-phénicienne du IVe siècle avant notre ère.
#3 : Labraunda en Carie (Turquie), un site au coeur d'enjeux politiques et culturels
Mercredi 06 décembre 2023 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Olivier HENRY, professeur, Université Lumière Lyon 2, HiSoMa – UMR 5189-CNRS, Maison de l’Orient et de la Méditerranée
Le site de Labraunda en Carie (Turquie) était fameux dès l’Antiquité pour avoir abrité l’un des sanctuaires les plus importants de la région, celui de Zeus Labraundos. Depuis 1948, le site a fait l’objet de fouilles qui ont mis au jour un site exceptionnel, particulièrement bien conservé au coeur des montagnes du Latmos. La période d’occupation la plus faste du site semble s’inscrire dans le courant du IVe siècle av. J.-C., sous le règne de la dynastie des Hékatomnides, nommés satrapes de la région carienne par le Grand Roi Perse. Labraunda joua un rôle central en devenant le pilier religieux de l’autorité politique des dynastes/satrapes cariens. Cette autorité s’exprima, à Labraunda notamment, par l’adoption d’une nouvelle culture matérielle qui tranchait nettement avec les anciens codes culturels cariens, tout en empruntant largement au monde grec voisin. L’objet de cette conférence est de présenter les contextes historique et archéologique de cette période à travers les travaux que nous menons à Labraunda, et de tenter d’éclaircir la démarche à la fois politique et culturelle des dynastes Hékatomnides.
#4 : Délos, une petite île au grand destin
Mercredi 17 janvier 2024 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Jean-Charles MORETTI, directeur de Recherche, IRAA, HiSoMa – UMR 5189-CNRS, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Université Lumière Lyon 2
L’île de Délos, située au centre des Cyclades, fut à la fois le lieu de naissance d’Apollon, qui y était honoré dans un sanctuaire très fréquenté, la plus petite île du monde grec occupée par une cité indépendante, et, à la fin IIe siècle av. J.-C., un port de commerce d’une importance considérable. Sa fouille systématique, entreprise en 1873 par l’École française d’Athènes, en a fait l’un des sites archéologiques de Grèce les plus riches en monuments, en sculptures et en inscriptions, celui où les vestiges de maisons et d’édifices commerciaux hellénistiques sont les mieux conservés. La conférence sera l’occasion d’évoquer les grandes étapes de l’histoire antique de Délos et les causes de la prospérité et du déclin de cet îlot, aujourd’hui désert.
#5 : Alexandrie et son territoire : découvertes et publications récentes du Centre d'Études Alexandrines
Mercredi 07 février 2024 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Marie-Dominique NENNA, directrice de Recherche, Centre Camille Jullian – UMR 7299-CNRS, Aix-Marseille Université
Fouilles, recherches cartographiques, exploitation d’archives, études d’artefacts et d’écofacts menées par le CEAlex permettent petit à petit de reconstituer la topographie et l’histoire de la cité d’Alexandrie et de ses habitants sur la longue diachronie. Elles s’accompagnent de l’exploration de son territoire nourricier sur les bords du lac Mariout grâce à une prospection extensive et des fouilles ciblées. Après les fouilles de la presqu’île de Marea qui ont livré trois exceptionnelles maisons-tours datées de l’époque hellénistique et celles du site d’Akadémia, où pressoir, ateliers de potiers, fours de très grandes dimensions et collines de déchets de production témoignent de l’importance de la culture vinicole dans cette région, le CEAlex mène aujourd’hui des fouilles sur le site de Kôm Bahig qui, livrant des habitations datées entre le VIIe siècle et le IIe siècle av. J.-C., et les vestiges d’un édifice cultuel en activité au moins dès le VIIIe siècle av. J.-C., ouvre une fenêtre sur l’occupation de la région avant la fondation d’Alexandrie.
#6 : De la ville modèle au rêve méditerranéen ? Une grande cité antique de la Tunisie intérieure, Ammaedara (Haïdra)
Mercredi 06 mars 2024 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
François BARATTE, professeur émérite, Université Paris IV – Sorbonne, Orient et Méditerranée – UMR 8167
Succédant au camp de la IIIe légion Auguste, la ville d’Ammaedara, dans la province romaine de Proconsulaire, se développe à partir des années 75 à la frontière actuelle entre la Tunisie et l’Algérie. C’est sa position stratégique à un carrefour de routes en bordure de la Dorsale tunisienne qui lui confère son importance. Les arpenteurs antiques la citent même en exemple de ville régulière, ce qui toutefois ne laisse pas d’étonner qui est allé sur place. Mais de fait, même si elle est surtout connue par son état tardif, Ammaedara est progressivement dotée de tous les monuments qui caractérisent une cité romaine. Les inscriptions, cependant, nombreuses, et tous les éléments du décor permettent d’observer que dans cette ville au climat rude, loin des côtes, la culture méditerranéenne est toujours bien présente.
#7 : Le port d'Arles à l'époque romaine et ses navires
Mercredi 20 mars 2024 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Sabrina MARLIER, attachée de conservation du patrimoine
David DJAOUI, attaché de conservation du patrimoine
Pierre POVEDA, ingénieur de recherche
Centre Camille Jullian – UMR 7299-CNRS, Aix-Marseille Université
Les recherches conduites dans le Rhône, à Arles, depuis plus de trente ans ont permis la mise au jour d’un mobilier exceptionnel en lien avec les activités commerciales du port d’Arles à l’époque romaine : amphores, céramiques… révèlent ainsi les échanges entre la Méditerranée et l’intérieur des terres jusqu’aux confins de l’Empire. Principaux vecteurs de ce commerce, les navires assuraient ces échanges sur mer et sur le fleuve. Appelés Arles-Rhône 1, Arles-Rhône 2… leurs épaves se retrouvent aujourd’hui au fond du fleuve. On en compte une vingtaine, dont une douzaine antique, datés du Ier au IVe siècle de notre ère. Parmi eux, seul le chaland Arles-Rhône 3 a fait l’objet d’une fouille exhaustive et d’un renflouage pour être restauré et exposé au public au sein du musée départemental Arles antique depuis 2013. Dix ans plus tard, un nouveau programme de recherche a débuté dans le Rhône pour fouiller ces épaves dont l’étude promet de révéler un corpus de navires unique en lien avec un espace de navigation particulier à la croisée des voies maritimes et fluviales.
#8 : Archéologie à Pompéi
Mercredi 24 avril 2024 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
William VAN ANDRINGA, École pratique des hautes études, Paris
Un spectacle antique à ciel ouvert. Une vie quotidienne figée dans l’horreur de l’éruption survenue en 79 ap. J.-C. Pompéi est un mythe qui ne semble pouvoir échapper aux images échafaudées par trois siècles de découvertes et de rêve.
Depuis la fin des grands dégagements des années 1950, études et fouilles se sont multipliées. Aujourd’hui, aucun détail n’échappe aux archéologues qui scrutent murs, sols, et remblais, qui réinterrogent inscriptions et monuments.
La conférence racontera l’histoire de la ville, de son évolution, de son organisation politique et religieuse, des origines jusqu’à sa fin. Un portrait vivant et fidèle, fondé sur les découvertes les plus récentes, et illustré par des photographies inédites qui montrent la ville sous un angle rarement exposé. Des travaux de ces dernières années émerge une nouvelle Pompéi, loin des mythes et des légendes, une histoire de la cité sur plusieurs siècles, née dans les brumes de la mythologie méditerranéenne, aujourd’hui dévoilée par les recherches archéologiques.
#9 : Archéologues en Algérie à l'époque coloniale
Mercredi 29 mai 2024 - Auditorium du Musée Fabre - 18h30
Florence HUDOWICZ, conservatrice du patrimoine, Musée Fabre, Montpellier
En 1830, la France, après la prise d’Alger, inaugure une longue séquence de colonie algérienne qui ne cessera que 132 ans plus tard. La science encore jeune de l’archéologie y tient une place très importante. Cette présentation propose de revenir dans les grandes lignes sur l’articulation entre conquête des territoires et création de nouveaux savoirs, tout en montrant comment des savoirs et comment les découvertes des sites antiques ont influé sur la patrimonialisation et les usages de l’Antiquité algérienne.
